Bonsoir
Londres. J’ai pensé qu’il était temps que nous parlions. Etes-vous bien
installé ? Alors je peux commencer… Je suppose que vous vous demandez
pourquoi je vous ai réunis ce soir. Et bien, voyez-vous, je ne suis pas
parfaitement satisfait de vos derniers résultats… Vous vous êtes laissé
aller, et puis… Et bien je crains d’avoir envisagé de me séparer de vous. Je
sais, je sais… Vous étés la depuis longtemps… Presque – laissez moi
réfléchir – oui, presque dix mille ans ! ?’est ce pas ? On croirait que
c’est arrivé hier… Je me rappelle de vos débuts, à peine descendu de
l’arbre : jeune, nerveux, un os serré dans le poing… « Par quoi je
commence ? » avez-vous demandé. Je me rappelle encore de chaque mot : « Les
œufs de dinosaure, la bas, mon petit » ai-je dit en souriant paternellement.
« Tout doit disparaître. » Que de
chemin parcouru depuis ce jour, n’est ce pas ? Et je sais… Durant tout ce
temps, pas une absence … De parfaits et fidèles serviteurs. Et n’allez
surtout pas croire que j’aurais oublié vos incroyables états de service, ou
l’inestimable contribution apportée à votre société… Le feu, la roue,
l’agriculture… très impressionnant, vieux, très impressionnant. N’allez pas
penser à mal. Mais pour être franc… Nous avons également eu nos petits
problèmes. Personne n’est parfait. Et vous savez que je pense quant a
l’origine de tous ces maux ? Tout cela vient de votre manque d’ambition : de
votre incapacité à prendre toute responsabilité, la moindre initiative. Et
pourtant, Dieu sait qu’on vous en a donné l’occasion… Nous vous avons offert
de l’avancement. Souvent. Et vous avez toujours refusé. « J’en suis pas
capable, missié » avez-vous servilement murmuré. « Je connais ma place. »
Honnêtement vous n’aviez pas envie d’essayer ? Vous voyez votre apathie a
trop duré. Elle a eu des répercussions sur votre travail… Ainsi d’ailleurs
que sur votre comportement général… Les querelles incessantes qui secouent
vos bureaux ne m’ont pas échappé… Pas plus eu le chahut dans les cantines du
personnel. Et puis il y a … Hum. Et bien, je ne voulais pas en parler, mais…
Vous voyez, des rumeurs troublantes courent sur votre vie privée. Oh …Pas la
peine de chercher qui me l’a dit. Pas de noms… Mais, si j’ais bien compris,
vous êtes incapables de vous entendre avec cotre conjoint. On parle de
disputes, de cris. Des actes de violence ont été mentionnés. Et je sais que
vous blessez toujours ceux que vous aimez… Ceux qui vous ne devriez jamais
blesser. Et les enfants ? Ce sont toujours les enfants qui souffrent, comme
vous le savez. Pauvres petit ! Que peuvent – ils y faire ? Qu’ont-ils à
opposer à vos brimades, à votre désespoir, à votre couardise, à tous vos
préjugés ? Ce n’est pas très bien n’est ce pas ? Et ce n’est pas la peine de
rejeter la responsabilité sur vos supérieurs… Oh, bien sur la direction est
très mauvaise. N’hésitons pas à le dire : la direction est nulle ! Nous
avons eu une bande d’escrocs, d’imposteurs, de menteurs et de déments qui
ont pris une suite de décisions catastrophiques. C’est un fait. Mais qui les
a élu ? C’est vous ! Vous leur avez donné ces responsabilités, et le pouvoir
de prendre ces décisions à votre place. Même si j’admets qu’on puisse
parfois se fourvoyer, je ne puis croire que la répétition des mêmes erreurs
mortelles ne soit en quelque sorte délibérée. Vous avez encouragé ces
incapables malveillants, qui ont fait de notre vie professionnelle un gâchis
total. Vous avez accepté ces ordres stupides sans réagir. Vous les avez
laissé envahir votre espace de travail avec des machines incertaines. Il
vous suffisait de dire « Non ». Vous n’avez aucune volonté. Vous n’avez
aucune fierté. Vous n’êtes plus un atout pour notre société. Je vais
pourtant me montrer généreux. Deux années vous seront données, durant
lesquelles vous devrez vous améliorer. Vous savez ce qu’il vous reste à
faire… Ce sera tout vous pouvez retourner a vos occupations.
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